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Une lutte incessante aux côtés des personnes exilées

Dans la période troublée que nous vivons, il est des causes qui se trouvent quasiment invisibilisées. C’est tout particulièrement le cas de la lutte pour les droits des personnes exilées. Rennes fait partie des grandes villes de France les plus concernées par ce problème. Le collectif regroupant en inter-organisation (IO), associations, syndicats et partis de gauche (LFI y est investie via son « Groupe migrants 35» ainsi que le NPA) demeure très actif de longue date, dans l’accompagnement des personnes exilées et par son action auprès des pouvoirs publics. 

Nous vivons une situation de crise permanente depuis plusieurs années, accentuée ces derniers temps par le marasme social. « À Rennes, depuis plus de deux ans, un très grand nombre de personnes exilées se retrouvent à la rue et passent par des campements insalubres, faute d’être hébergées, comme la loi l’ordonne. Face à cette situation insupportable, l’inter-organisation de soutien aux personnes exilées a pris la décision de les abriter dans le gymnase Constant Véron, près de l’école de l’Ille, et assure une présence régulière. La ville de Rennes, informée, a tacitement accepté cette occupation. Elle a laissé fonctionner le chauffage, l’électricité et les douches. » (Extrait de la prise de parole des organisateur-rices lors de la Marche des solidarités du 18 décembre 2022) 

Depuis début novembre 2022, plus de 200 personnes ont trouvé abri dans le gymnase, dont de nombreuses familles avec enfants et des mineurs non accompagnés. Certains disposent déjà d’un statut de réfugiés. 

Fin décembre 2022, l’espace du gymnase arrive à saturation avec plus de 100 personnes en permanence, les quelques départs en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) ou vers un hôtel étant vite remplacés par des personnes exilées à la rue, poussées là par le froid hivernal. La surpopulation dans ce lieu devient insupportable, des tensions bien compréhensibles apparaissent. De nombreux occupant.es du gymnase ont des problèmes de santé importants. Fin novembre, un homme en détresse respiratoire a dû être hospitalisé in extremis. La présence de bénévoles de l’IO a sans doute évité un drame, en alertant les secours à temps. 

Un « Collectif élèves protégé.es Rennes » 

En parallèle, des parents d’élèves d’écoles publiques rennaises accueillant des enfants de familles exilées à la rue ont constitué le « Collectif élèves protégé.es Rennes » et se sont mobilisés pour mettre des familles à l’abri dans des écoles, avec l’accord a posteriori de la municipalité. 

Sans compter, bien sûr, les nombreux hébergements solidaires chez des particuliers et les occupations de logements (en voie de démolition) en convention entre des associations habilitées et des promoteurs immobiliers, propriétaires des lieux. 

Le problème incombe clairement et en toute priorité à l’Etat. « Le recours aux hébergements d’urgence gérés par le 115 a explosé, ces derniers mois, en Ille-et-Vilaine (+ 30%). En raison du manque de places dans les structures d’accueil, 85 % des demandes ont reçu une réponse négative. Parmi elles, un très grand nombre sont des exilé.es, souvent sans-papiers, alors même qu’ils et elles vivent et travaillent en France depuis parfois plusieurs années. » (Extrait de la prise de parole)

Face aux sollicitations de l’IO, la Préfecture fait désormais la sourde oreille. A la suite de différentes interpellations (de Mickaël Bouloux, député NUPES d’Ille-et-Vilaine, à l’Assemblée nationale, et de la maire de Rennes, Nathalie Appéré, entre autres), Olivier Klein, le ministre délégué chargé de la Ville et du Logement a demandé aux préfets d’utiliser les fonds de réserve « Grand froid » afin d’augmenter l’accueil des enfants, dans le but de tenir ses engagements. Dans la foulée, Darmanin enjoignait les préfets d’agir fortement pour durcir les mesures de suivi des personnes étrangères sur le territoire national. Cela se traduit, entre autres, par une traque régulière de personnes sans-papiers par la Police aux frontières (PAF) à la sortie des Restos du Cœur. Comme une illustration des contradictions du gouvernement et de ses tropismes (très) droitiers, sous la pression du RN et de LR. 

Urgence et risque de dégradation 

De son côté, la Ville de Rennes oppose invariablement le fait d’héberger à ses frais 950 personnes exilées. Elle se déclare au maximum de ses possibilités sur ce dossier. Et elle renvoie désormais, à bon compte, vers l’incurie de l’État. Le dialogue avec l’IO est aujourd’hui au point mort. En témoignent les interventions de celle-ci lors des derniers conseils municipaux, restées lettre morte. Plusieurs organisations du collectif continuent cependant de réclamer un effort supplémentaire de la Ville, en proposant y compris leur coopération. L’urgence et le risque imminent de dégradation de la situation nécessiteraient pourtant une implicationsupplémentaire des collectivités locales, auxquelles il faut ajouter le Conseil départemental, qui dispose lui aussi de logements disponibles (selon des informations recueillies, 40 logements de fonction des collèges du département seraient actuellement vacants), tout en maintenant une pression conjointe sur l’État. 

Nathalie Appéré n’avait-elle pas promis, lors de sa dernière campagne des municipales, qu’aucun enfant ne dormirait dans la rue au cours de son futur mandat ? La municipalité dispose elle-même d’un pouvoir de réquisition, quand on sait le grand nombre de logements libres sur la ville. La maire de Rennes a co-signé, en novembre 2022, dans Le Monde, une lettre ouverte à la Première ministre, avec 42 autres élu.es de grandes villes de France, « afin que soit concrétisée la promesse de loger ou d’héberger les quelque 2 000 enfants à la rue avec leur famille ». Depuis, malgré les annonces du ministre du Logement, rien de conséquent n’a été entrepris. Plusieurs organisations de l’IO et le collectif des parents poussent à ce que la Ville de Rennes attaque l’État en référé, en s’associant pour bien faire à d’autres villes concernées. Sans effet pour l’instant. 

Il est clair que sans les actions et pressions exercées par les organisations sur le terrain, la Ville et la Métropole, retranchées derrière leurs compétences propres, n’auraient jamais mis en œuvre un soutien des personnes exilées à cette hauteur. C’est bien, là encore, une question de rapport de forces qu’il faudrait (ré)amplifier. Dans un contexte politique défavorable, il appartient à un arc de forces de gauche de rendre audible cette lutte emblématique. La Gauche écosocialiste en est bien sûr partie prenante. 

On sait que la future « Loi immigration », annoncée par Darmanin en janvier 2023, n’augure rien de bon pour la cause des personnes exilées et prélude à une continuation de la lutte résolue, bien qu’exténuante, des organisations de soutien aux personnes exilées. 

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