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STOP BRIDOR à Liffré

Point d’étape avec Philippe Rocher, membre du collectif CoLERE opposé au projet d’installation d’une usine Bridor à Liffré.

Quel est ce projet qui fait tant parler sur Liffré ?

Philippe Rocher : « Il s’agit d’un projet d’implantation d’une usine Bridor (Groupe Le Duff) sur 21ha de terres agricoles qui a pour vocation la production de viennoiseries surgelées destinées à l’export. »

Pourquoi une opposition à ce projet ? Comment est née cette opposition ?

« L’opposition au projet est née dans le cadre de Commission Nationale du Débat Public (CNDP) quand des habitants ont vu l’ampleur du projet et l’impact sur la biodiversité, la ressource en eau, puis dans  le cadre de l’enquête publique où nous avons vu aussi le bilan carbone.

L’opposition se fait aussi par rapport au choix d’implantation du site situé entre deux forêts, sur une zone bocagère, et qui représente une tête de bassin versant avec une importance extrême en terme de biodiversité dans un écosystème du grand cycle de l’eau et du petit cycle de l’eau. Le site comprends également des zones humides et des alignements de chênes centenaires.

On peut ajouter à cela le prélèvement des 187 000 mètres cubes d’eau par an qui a été autorisés par le préfet.

Tous ces éléments mis bout à bout ont poussé un certain nombre de citoyens à prendre la mesure de l’incohérence de développer ce type de projet, à cet endroit avec un développement économique absolument pas en phase avec les enjeux de sobriété, et en incohérence avec l’effondrement de la biodiversité et la nécessité de baisser les émissions de gaz à effet de serre. »

Comment ce collectif a évolué pour arriver à une mobilisation qui a maintenant une portée nationale ?

« Le collectif CoLERE s’est créé il y a près de deux ans avec quelques citoyens de Liffré et de communes environnantes, déjà investis dans le milieu associatif, ce qui a permis de rapidement communiquer sur ce projet y compris auprès des habitants.

Cela a pris une ampleur plus importante, suite à l’appui d’associations et notamment « La nature en ville » qui a amené la possibilité d’aller en justice et un savoir faire en terme de militantisme associatif sur les questions de défense de l’environnement, mais également grâce aux membres du collectif avec des connaissance fines sur la question de l’eau.

Le lien avec les élus locaux a également été très important. Cela a amené des élus d’EELV, puis de la France Insoumise, du NPA de l’UDB et de Nouvelle Donne. Une intersyndicale s’est créée (Solidaires, Confédération Paysanne, Syndicat étudiant) et tout cela a permis de structurer la lutte et d’élargir encore la mobilisation avec l’appui d’autres collectifs, associations, personnalités politiques,…

Il y a aussi le fait que ce projet est devenu un symbole d’un développement économique dont une partie des citoyens ne veut plus aujourd’hui, grâce notamment à la campagne législative de la NUPES où les questions écologiques étaient extrêmement prégnantes. La crise climatique, de plus en plus visible et vécue directement, ajoute à la prise de conscience collective.»

Comment le groupe Le Duff réagit par rapport à cette mobilisation ?

« Il a fini par réagir par l’intermédiaire d’un communiqué de presse repris par l’ensemble des média, y compris nationaux (journaux, TV, radio) jouant sur les risques de « désindustrialisation » et de création d’emplois, l’objectif étant de mettre l’opinion publique derrière lui en décrédibilisant des militants de terrain, associations… »

Quels sont les recours actuels, ce projet peut-il être définitivement stoppé ?

« Il y a un recours déposé il y a plus d’un an (toujours en cours d’instruction) sur la modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU), il y a également un recours contre le permis de construire, et enfin contre l’autorisation environnementale délivrée par le préfet, attaquée par plusieurs associations, syndicats et riverains.

Au delà des recours, la formidable mobilisation que nous avons vue ces dernières semaines a permis de faire « sortir le loup du bois ». Le Duff se sent obligé de communiquer en s’appuyant sur une presse acquise à sa cause, en faisant jouer ses réseaux (en particulier le MEDEF) avec une campagne de désinformation parlant de violences, de groupes radicaux,…

La contre offensive est aujourd’hui en marche et a pour vocation de faire basculer l’opinion publique et tenter d’isoler les opposants et les réduire à des groupes d’extrême gauche radicaux potentiellement violents tout en vantant la réindustrialisation, l’emploi (dans une zone en quasi plein emploi par ailleurs).

Notre travail est de continuer et accentuer ce qu’on fait sur le terrain, en allant à la rencontre des habitants, en s’appuyant sur des initiatives locales.

Nous devons aussi convaincre sur un autre projet, pourvoyeur d’emplois pérennes, non délocalisables pour le développement, sur les terres agricoles, d’une agriculture en circuit court pour l’approvisionnement local et bio.

Politiquement nous avons besoin que cela prenne une dimension encore plus importante avec des réactions d’élus nationaux des différents partis de gauche, EELV, LFI, PCF en particulier. Le PS lui est majoritairement pour le projet Bridor, en particulier le réseau d’élus dont Loïg Chesnais-Girard ancien maire de Liffré, président du conseil régional depuis 2017 et ancien membre du PS est un des rouages.

Le collectif lui ne lâche rien, on garde la pêche et tout ce qu’on a entendu dans la presse récemment permet paradoxalement de mobiliser encore plus. La victoire est à portée de main ! »

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