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Grippe aviaire : Les fausses solutions de l’état

Le 17 octobre nous étions une bonne centaine de paysan.nes manifestant dans les rues de Rennes et devant la préfecture de Rennes pour défendre l’élevage en plein air, à l’appel de la Confédération Paysanne.

Pourquoi cette manif ? Depuis quelques temps des épidémies touchant les volailles mais aussi les porcins se répandent et obligent les éleveurs à prendre des précautions. À cela il n’y a rien à redire. Le problème est que les ‘’précautions’’ rendues obligatoires par l’État ne prennent pas du tout en compte la véritable génèse de ces épidémies et contribuent à l’élimination de l’élevage plein air qui est un élevage paysan, c’est à dire facteur d’emplois de qualité faisant vivre les campagnes, fournissant une alimentation de qualité gustative et sanitaire.

Quand un virus contamine un animal dans un poulailler de plusieurs milliers d’individus ayant rigoureusement la même génétique (basée sur une recherche de la croissance maximale), le même âge, le même stress d’être entassés (les spécialistes y parlent en kg/m2, ça peut aller jusqu’à 39kg/m2), il n’est pas compliqué de comprendre qu’en quelques jours ce virus concerne l’ensemble du bâtiment avec toutes les ‘’chances’’ qu’il mute plusieurs fois. Il peut même arriver que la mutation soit pathogène pour l’humain. Ajoutons à cela que l’industrialisation de l’élevage (qui du coup n’est plus de l’’’élevage’’ mais de la ‘’production animale’’ comme ils s’auto-intitulent) segmente la production et du coup les transports d’animaux et interventions humaines diverses dans ces bâtiments, multipliant les possibilités de contamination.

Pour l’élevage des porcs la problématique est grosso modo la même avec la peste porcine.

Que fait l’État face à cela ? Réponse : la biosécurité. Cela veut dire que la question est envisagée uniquement sous l’angle du vecteur (microbe ou virus) sans tenir compte des causes de sa propagation. Concrètement : 

• abattage massif des cheptels atteints (ou voisins des foyers d’infection) donc l’an dernier 20 millions (20 000 000) de volailles abattues et indemnisées plus ou moins rapidement(certains éleveurs attendent leurs indemnités depuis plusieurs mois)

• interdiction de laisser les animaux en plein air pendant les périodes de contamination. Or beaucoup d’éleveurs plein air ne sont pas équipés pour laisser leurs animaux en bâtiments en permanence.

• obligation de faire régulièrement une analyse microbienne de l’élevage lot par lot (au frais de l’éleveur). Très souvent en élevage plein air il y a plusieurs lots pour pouvoir avoir à vendre en permanence sur le marché. Cela représente pour un éleveur présent à la manif 5 000€/an puisque jusqu’à présent c’est à la charge de celui-ci. Par contre un bâtiment de 50 000 poulets n’aura que 12 analyses à payer/an divisées par 350 000 poulets produits/an. Les services de l’État étant débordés par cette politique, ils ne peuvent pas contrôler tous ces petits élevages (d’autant plus qu’ils  peuvent avoir à faire avec la colère de certains éleveurs au bout du rouleau). Par contre en cas d’abattage obligatoire de leur troupeau au cas où il se trouve dans une zone supposée contaminée, il n’y a pas d’indemnisation si il manque des résultats d’analyse.

Donc en résumé : face à un problème créé par l’industrialisation, l’État répond en en profitant pour finir d’éliminer ce qu’il reste d’élevage paysan. Alors que si on s’attaquait aux causes, il faudrait au contraire envisager une fin programmée de la production animale industrielle, et évoluer vers plus de diversité génétique, un plus grand lien au sol, une recherche appliquée sur les moyens d’assurer une meilleures santé des animaux d’élevage basée sur la prévention (qui n’est pas le curatif précoce, ni la vaccination face à des virus hyper-mutants).

Les lecteurs de cet article n’auront aucun mal à comprendre qu’il ya derrière cette politique débile un lobbying très fort des industries du médicament et du système agro-industriel.

De la rencontre avec la préfecture il est ressorti quelques promesses sur une certaine ‘’humanisation’’ des contrôles. Mais surtout la promesse entre les manifestants de se soutenir mutuellement face à l’appareil administratif. 

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